France Terre de Lait : Pourriez-vous nous raconter en quoi consistait le projet que vous avez mené pour le Challenge France Terre de Lait ?
Alban : Notre objectif était de présenter le potentiel du GAEC de la Ruche situé en Haute-Savoie, dans la communauté de communes de Rumilly, à Marigny-Saint-Marcel. Le territoire où se trouve la ferme est sous pression pour de multiples raisons notamment l’urbanisation grandissante à proximité. La concurrence foncière agricole est également forte. Pourtant, cette ferme a beaucoup d’atouts et il fallait les valoriser pour assurer la pérennité de la production atypique qu’elle réalise : l’IGP Gruyère de France. Grégory : Actuellement elle est dirigée par Stéphane et Pascal. Or Pascal approche de la retraite. Il fallait donc aider Stéphane à faire un bilan exhaustif de toutes les qualités de la ferme pour la rendre attractive pour un possible nouvel associé. Pour y parvenir, nous avons rencontré plusieurs acteurs du territoire : la région, la communauté de commune, la chambre du commerce, etc. Nous voulions avoir une vision complète des possibilités qu’offre la ferme. Jean-Yves Jacquier (enseignant) : Les élèves ont fait preuve d’un investissement total ! Ce travail s’est inscrit dans le parcours pédagogique des élèves de toute la classe bien qu’Alban, Grégory et Amandine aient été les ambassadeurs du projet. Obtenir la médaille d’argent est une fierté et une reconnaissance de leur travail à tous !
France Terre de Lait : Comment avez-vous vécu l’expérience du Challenge ? Qu’est-ce que cela vous a appris et apporté personnellement ?
Amandine : Pour moi, cela a été une belle expérience ! Je n’ai pas l’habitude de parler en public, j’ai dû apprendre à prendre la parole pour défendre notre projet. C’était difficile par moment mais je suis très contente en fin de compte.
Grégory : C’est l’aboutissement d’un long travail de plusieurs mois pour toute la classe, je suis fier que nous soyons lauréats.
Alban : il y a de nombreux projets qui ont été présentés pour le Challenge, c’était aussi pour nous l’occasion en tant qu’ambassadeurs de voir comment d’autres élèves de d’autres régions, d’autres écoles, avaient travaillé.
Jean-Yves Jacquier (enseignant) : Le fait d’être lauréat cela récompense aussi une démarche pédagogique. On se sent dans le juste, cela fait plaisir !
France Terre de Lait : Amandine, Grégory, Alban, vous souhaitez tous les trois poursuivre votre avenir professionnel au sein d’une ferme laitière. Pourtant ce n’est pas un chemin facile, il y a de nombreux challenges à venir pour les prochaines générations d’éleveurs. Pourquoi faire ce choix aujourd’hui ?
Grégory : Personnellement je ne me verrai pas faire autre chose. J’aime la proximité avec les animaux et le fait que un jour ne ressemble pas à un autre. J’aime ce mode de vie.
Amandine : Le fait d’avoir plusieurs casquettes dans la journée : s’occuper des animaux, suivre la rentabilité financière, créer du lien avec les acteurs de la région… c’est cette diversité qui fait que j’ai envie de continuer mon parcours professionnel dans cette direction.
Alban : Pour moi, cela coule dans mes veines, je ne me suis jamais posé la question de faire autre chose même si nous avons conscience, tous, des enjeux pour l’avenir du métier d’éleveur. Personnellement, je suis inquiet pour le réchauffement climatique et ses conséquences sur une ferme demain. On va devoir apprendre à cohabiter entre urbain et rural. Créer du dialogue va être de plus en plus indispensable. On va devoir se remettre en cause nous aussi en tant qu’éleveurs pour être les garants de la durabilité de notre filière.
Grégory : Je pense que l’enjeu va être à l’avenir de s’adapter. Il faudra s’adapter à l’environnement, aux attentes du consommateur… il faudra toujours réfléchir pour optimiser la production, pour qu’elle soit en accord avec la société.
France Terre de Lait : L’un des enjeux principaux des filières agricole et laitière aujourd’hui et demain est de s’inscrire dans le cadre d’un métier durable. Selon vous, comment cela peut-il se traduire notamment pour le métier d’éleveur ?
Amandine : Il faut assurer notre avenir. On ne veut pas que nos fermes laitières disparaissent. Pour nous, il est indispensable aujourd’hui de créer des projets qui respectent l’environnement et l’humain. Qu’on ait une vision juste.
Alban : Pour moi un métier durable c’est un métier qui permet d’être rémunéré justement, de respecter l’environnement et d’être autonome au sein de notre exploitation. Le vrai défi, c’est celui-là, celui de l’autonomie.