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Le Cniel, interlocuteur institutionnel de premier plan pour une filière laitière à l’avant-garde

À l’occasion de son cinquantenaire, le Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière (Cniel) s’affirme plus que jamais comme un interlocuteur institutionnel incontournable. Actif à la fois aux niveaux européen, national et régional, le Cniel intervient sur les aspects économiques, sanitaires et environnementaux, faisant de l’interprofession un pilier essentiel du développement et de pérennité de la filière laitière.
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Le Cniel, moteur historique de la filière laitière
Créé en 1974, le Cniel a été conçu pour fédérer les acteurs de la filière laitière française. Son objectif initial était de servir de médiateur entre les producteurs de lait, les transformateurs et les distributeurs, assurant ainsi une coordination efficace au sein de la filière. Mais depuis sa création, le rôle du Cniel n’a cessé de s’élargir et de se renforcer. S’il contentait principalement d’arbitrer des conflits et de soutenir la filière dans ses démarches administratives à l’origine, avec le temps, il est devenu une véritable force de proposition, initiant des projets novateurs et jouant un rôle clé dans l’élaboration de politiques publiques.

Ainsi, Marie-Thérèse Bonneau, ancienne vice-présidente du Cniel et actuelle présidente du CESER Pays de la Loire, résume cette évolution : « Le Cniel a toujours été dans l’initiative. À une époque, nous allions vers les pouvoirs publics pour leur dire ce qui nous rassemblait, ce qui nous caractérisait, en demandant un accompagnement pour continuer à faire vivre ces choses-là. Ensuite, nous sommes passés à une autre dynamique, une force de proposition proactive, avec la mise en place du projet France Terre de lait, une démarche de progrès accompagnée d’indicateurs de suivi. » De consultations ponctuelles, les relations du Cniel avec les pouvoirs publics se sont progressivement renforcées jusqu’à jouer un rôle crucial dans la définition et la mise en œuvre des politiques agricoles en France.
Guillaume Blanchon
États Généraux de l’Alimentation : aux origines de France Terre de Lait
L’un des moments clés de cette évolution a été la participation du Cniel aux États Généraux de l’Alimentation, une consultation lancée en juillet 2017 par le gouvernement français pour réformer les pratiques agricoles et alimentaires. Cette initiative a marqué un tournant dans la reconnaissance du Cniel comme un acteur incontournable du secteur agricole et alimentaire, se souvient Marie-Thérèse Bonneau : « Nous avons été un peu jalousés à ce moment-là : on parlait du lait pratiquement dans tous les ateliers ! »

En clôture de ces États Généraux, en décembre 2017, le président Emmanuel Macron a demandé à chaque filière agricole de présenter un plan de filière à cinq ans. Cette demande a été le catalyseur de la création de la démarche France Terre de Lait, visant à promouvoir une agriculture durable tout en valorisant les produits laitiers français.
Du national au local 
À l’image de la participation active du Cniel aux États Généraux de l’Alimentation, qui a permis de mettre en lumière les enjeux spécifiques du secteur laitier et d’éclairer les décisions politiques, le Cniel entretient des interactions régulières avec les ministères afin de défendre les intérêts des différents acteurs de la filière laitière et de soutenir les initiatives permettant de répondre aux défis contemporains. Les projets de progrès et de développement durable soutenus par le Cniel sont des exemples concrets de cette collaboration fructueuse. Ces initiatives visent à améliorer la compétitivité de la filière tout en répondant aux attentes sociétales en matière de durabilité et de qualité.

Au-delà de ses actions nationales, l’interprofession joue également un rôle crucial au niveau local et régional, grâce aux CRIEL. « Quand on parle de filière, d’interprofession, d’amont et d’aval, cela veut dire qu’il y a une grande diversité de publics, et qu’on ne peut pas envoyer un seul message à la cantonade, sinon, bien peu de personnes le recevront, prévient Fabrice Pannekoucke, vice-président du Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes. Mais grâce aux représentations locales, régionales en l’occurrence pour les CRIEL, cela permet d’atteindre toutes les cibles. Et si on est capable de livrer les messages vers chacun des acteurs, cela veut aussi dire qu’on est capable de mettre les différents acteurs et interlocuteurs autour d’une même table. Or la construction d’un plan de filière, cela demande justement de pouvoir, à un moment donné, se mettre autour d’une même table pour se comprendre, échanger sur les difficultés et les enjeux ! » En favorisant une approche décentralisée, les CRIEL permettent de prendre en compte les particularités locales et de répondre ainsi aux besoins spécifiques des territoires. Concrètement, par exemple, la région Auvergne Rhône-Alpes porte avec le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) un plan de filière spécifique de l’ordre de 10 millions d’euros sur 5 ans.
Guillaume Blanchon
L’échelle européenne
Sur la scène européenne, le Cniel joue également un rôle important… et multiple. Il s’agit à la fois de défendre les intérêts spécifiques de la filière laitière française, mais aussi de contribuer à l’élaboration de politiques agricoles communes, et enfin de promouvoir un modèle de gestion interprofessionnelle.

L’une des contributions majeures du Cniel au niveau européen concerne son implication dans l’Organisation Commune des Marchés (OCM), le cadre réglementaire européen visant à stabiliser les marchés agricoles, garantir des revenus équitables aux producteurs et assurer un approvisionnement régulier en produits agricoles de qualité. Dans ce domaine, l’ancien député européen Michel Dantin a joué un rôle crucial, collaborant étroitement avec d’autres députés européens pour renforcer les pouvoirs des interprofessions et promouvoir des règles équitables. « Nous avons mis en place des alliances qui reposent sur des connexions entre les hommes et les femmes, ce qui a permis de faire avancer les dossiers malgré l’absence de majorité claire au Parlement européen », raconte-t-il.

En effet, le Cniel s’efforce de promouvoir le modèle interprofessionnel français à l’échelle européenne. Ce modèle, qui repose sur la coopération et la co-construction entre producteurs, transformateurs et distributeurs, est perçu comme un exemple de gestion efficace et durable de la filière laitière. Mais cette reconnaissance est le fruit d’un travail de longue haleine, souligné par Michel Dantin : « Nous fêtons les 50 ans du Cniel, célébrant une spécificité française. Mais pour que cela soit compris et accepté à l’échelle européenne, pour expliquer notre modèle, il a fallu du temps et des efforts considérables ! Il faut continuer à promouvoir le modèle dans les autres pays européens. » Ainsi, le Cniel participe activement à des forums, des conférences et des groupes de travail au sein des institutions européennes, afin de partager les bonnes pratiques et les succès du modèle français.

Grâce à ces différents axes de travail, le Cniel assure une représentation forte et influente de la filière laitière française au sein de l’Union européenne. Objectif : éclairer les acteurs et les politiques de l’UE afin de créer un cadre favorable à une filière laitière durable et compétitive.
Guillaume Blanchon
Quelles perspectives d’avenir ?
C’est en jouant un rôle actif à tous les niveaux : local, national et continental, en collaborant avec les pouvoirs publics et les institutions européennes, que le Cniel pourra contribuer à relever les défis de la filière laitière, notamment ceux de l’attractivité et de la transition écologique. « On oublie souvent le S du social dans les plans RSE, souligne Audrey Bourolleau, co-fondatrice d’Hectar et ancienne conseillère du président Emmanuel Macron. Or, il y a un vrai rôle d’accompagnement du Cniel sur cette dimension, qui se traduit concrètement par le service de remplacement qui permet aux agriculteurs de prendre des congés, la stratégie pour attirer des talents, le soutien au salariat, la délégation de travaux… »  L’amélioration des conditions de travail et de la qualité de vie des agriculteurs constituent en effet des axes majeurs des initiatives du Cniel.

Cette dimension sociale est étroitement liée à l’attractivité des métiers. La filière peine à attirer de nouveaux talents en raison de conditions de travail souvent perçues comme difficiles et d’une image vieillissante du secteur agricole. Pour répondre à ce défi, le Cniel met en œuvre plusieurs initiatives visant à rendre les métiers de la filière plus attractifs. « Il faut qu’on arrive à se projeter sur une organisation économique qui puisse nous permettre de répondre aux attentes sociétales tout en consolidant les actifs de nos fermes », résume Audrey Bourolleau.

La transition écologique est aussi une priorité pour la filière laitière, qui doit s’adapter aux exigences environnementales croissantes. L’adoption de pratiques agricoles durables et la réduction de l’empreinte carbone des exploitations sont au cœur des actions du Cniel. Le projet France Terre de Lait, par exemple, promeut des engagements environnementaux forts, incluant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection de la biodiversité.

Le Cniel s’affirme comme un acteur incontournable et visionnaire de la filière laitière française, jouant un rôle central tant au niveau national qu’international. En tant qu’interface entre les différents acteurs de la filière et les pouvoirs publics, il a su adapter ses missions aux défis posés par un monde en constante mutation. Aujourd’hui, maintenir cette dynamique positive exige une coopération continue avec les autorités publiques et un dialogue renforcé entre tous les acteurs de la filière.

Garantir la pérennité du secteur nécessitera une collaboration accrue, permettant d’aborder ensemble les enjeux de durabilité, d’innovation et d’attractivité des métiers. En poursuivant cette voie, le Cniel pourra assurer un avenir prospère et durable à la filière laitière française, tout en restant fidèle à ses valeurs de qualité, de tradition et d’innovation.
Cet article se base sur une table ronde organisée à l’occasion de l’Assemblée générale du Cniel qui s’est tenue à la Maison du Lait, le 26 juin 2024. Ont participé à cette table ronde : 
  • Marie-Thérèse Bonneau, présidente du CESER Pays de la Loire, ancienne vice-présidente du Cniel,
  • Audrey Bourolleau, co-fondatrice d’Hectar, ancienne conseillère agriculture, pêche, forêt et développement rural auprès du président de la République, Emmanuel Macron (2017-2019), 
  • Fabrice Pannekoucke, vice-président du Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes, maire de Moutiers (Savoie),
  • Michel Dantin, Président du Cnéap (réseau d’établissements privés d’enseignement agricole), ancien inspecteur général de l’Agriculture, ancien député européen, ancien maire de Chambéry.
Leurs témoignages et analyses ont permis d’éclairer le rôle central du Cniel comme acteur institutionnel à l’occasion de son 50ème anniversaire.

Date de publication : 21/07/2024

Date de modification : 09/09/2024

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