Alimentation animale du troupeau bovin laitier : des standards pour simplifier la vie de tous
En 2022, l’association Numagri, créée en 2020 pour construire le langage commun de l’agriculture en France et dont le Cniel est membre fondateur, lançait un groupe de travail autour d’un premier cas d’usage : la standardisation des données de l’alimentation animale du troupeau bovin laitier. Une expérience inédite, qui a permis aux acteurs de la communauté d’intérêt de définir leurs besoins métiers collectifs, et sur laquelleNumagricompte désormais capitaliser pour embarquer toutes les parties prenantes dans la phase proprement dite d’écriture d’un dictionnaire commun.
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La politique des petits pas
Fin 2022, GS1 France, l’entité française représentante de l’organisation internationale GS1, notamment connue pour le développement et la gestion du code-barres dans le monde entier, a rendu public le document de cadrage des travaux de la communauté d’intérêt « Alimentation animale du troupeau bovin laitier », qu’il animaitdepuis un an en collaboration avec le Cniel et Numagri, et avec le soutien de Agdatahub.
Une étape indispensable dans le patient travail collectif engagé autour de la standardisation des données du secteur, afin de bien cerner les besoins et enjeux métiers exprimés par ses acteurs, en les restituant dans leur contexte.
Dès septembre 2020, le groupe DATA « Valorisation des données de la filière laitière » du Cniel avait retenu l’alimentation animale du troupeau bovin laitier comme un premier cas d’usage d’intérêt pour la filière. Un groupe de travail s’était alors constitué au sein du Cniel pour en formaliser les contours et identifier les parties prenantes concernées.
Sur cette base, 5 ateliers de travail ont eu lieu en 2022, réunissant les principaux acteurs de l’alimentation du troupeau bovin laitier, depuis l’amont jusqu’à l’aval de l’exploitation,sous la supervision de GS1 France. À chaque atelier, sa thématique : typologie des acteurs concernés, catégories cibles d’aliments, description des flux d’aliments et de données…
Plus pertinents ensemble
« Ce travail collectif a été d’autant plus fécond que nous avons réussi à embarquer de nombreux acteurs », témoigne Fanny Tenenhaus-Aziza, Directrice Data et Statisiques au Cniel : « d’autres filières comme Interbev et même Inaporc, des parties prenantes comme les éditeurs de logiciel, des entreprises, des coopératives, des représentants d’éleveurs… Cela a permis d’étoffer notre base de travail en nous ouvrant les yeux sur les pratiques et enjeux des autres maillons de la chaîne, et en nous plaçant tous dans la même position. »
« La présence des fabricants d’alimentation animale a été particulièrement appréciable. Ils apportent une expertise technique et réglementaire, et nous ont notamment permis de nous mettre à niveau et d’ajuster notre liste des catégories d’aliments, ainsi que leur périmètre d’utilisation. »
« Ce n’était pas évident car ce secteur étant concurrentiel, il fallait rassurer sur les objectifs de notre projet », raconte Samuel Bulot, éleveur laitier en bio et vice-président de Numagri. « Acter du fait que tous les acteurs de la chaîne, et pas seulement les éleveurs, manquaient d’un langage commun y a aidé : tous, nous rencontrons des difficultés dans la disponibilité, la fiabilité et la traçabilité des données relatives à l’alimentation animale, et nous aspirons à nous simplifier la vie. »
Enjeux communs, solutions communes
Durant leurs réunions, les acteurs de la communauté d’intérêt ont ainsi identifié trois grands enjeux métiers : gagner en efficacité à tous les maillons de la filière, améliorer la fiabilité des données échangées et valoriser les pratiques et données accessibles. « Grâce à la standardisation des données, les éleveurs par exemple n’auront plus à ressaisir chaque jour les informations dans leurs logiciels ou lorsqu’ils sont audités », explique Fanny Tenenhaus-Aziza. « Si toutes les données sont rédigées de la même manière, elles pourront circuler entre les différents outils, ce qui permettra de baisser la charge administrative, d’alimenter les outils prospectifs ou encore d’optimiser le conseil en élevage. La circulation des informations sur l’alimentation animale sera aussi plus fluide et transparente, et ce jusqu’au consommateur, ce qui permettra de mieux mettre en avant les bonnes pratiques et de fiabiliser les démarches de segmentation (aliment non déforestant, sans OGM, etc.). »
Afin d’atteindre ces objectifs, les acteurs de l’alimentation animale du troupeau laitier envisagent de procéder en deux étapes. D’abord, il importe de définir non seulement un dictionnaire commun des aliments et des acteurs, en définissant et structurant les informations, mais aussi en proposant un moyen de véhiculer ces informations. Il s’agit notamment de définir les informations à échanger et de choisir les supports de marquage les mieux adaptés à ces typologies (QR code, code-barres…). Ce standard permettra de rendre l’information accessible à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de l’aliment, à travers des outils interopérables pour collecter, échanger, actualiser les données et fluidifier leur circulation entre les maillons de la chaine.
Tous mobilisés pour se simplifier la vie
Forts de ces constats communs, les travaux de standardisation sont suivis par un groupe constitué des représentants des organismes et fédérations agricoles et agroalimentaires concernés par le sujet. Ces travaux ouverts à tous, à la condition d’adhérer à GS1 France pour les entreprises et de signer, pour tous les acteurs, sa politique de propriété intellectuelle.
En 2024, la filière laitière a déjà réalisé plusieurs étapes d’avancement avec notamment la création d’une carte d’identité des aliments pour trois types de produits (aliments composés, fourrages et matières premières) et d’un format standard du bon de livraison électronique.
Le projet se poursuit avec un test du standard proposé sur le terrain pour évaluer comment elle se comporte à l’épreuve de la réalité, l’améliorer et préparer son déploiement à plus large échelle.
« En parallèle, nous allons continuer à suivre les travaux des autres filières sur leurs propres cas d’usage, avec lesquels des interactions vont forcément apparaître avec le temps», souligne Samuel Bulot. « C’est d’ailleurs pourquoi j’ai pris la responsabilité, au nom du Cniel, du comité technique de Numagri, qui s’assure de la cohérence des différents cas d’usage proposés au sein de l’association et coordonne les travaux entre eux. »
« Si, au Cniel, nous croyons autant aux travaux de Numagri, c’est parce qu’ils contribuent à répondre aux axes de performance de notre plan de filière, en particulier à l’amélioration de notre performance économique et sociale (en générant de la valeur de l’amont à l’aval de la chaîne, tout en simplifiant la vie des acteurs) et de notre performance sanitaire (en favorisant une meilleure traçabilité des aliments). Cela a beau avancer lentement, nous sommes plus que jamais mobilisés. »
L’aventure continue, donc…
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